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le cours de cinéma

7 décembre 2008

Cours du 20 octobre 2008

Cinéma et photographie 1. La chronophotographie. À l'origine du cinéma, il y a la photographie dont la naissance est datée de 1839. Prendre plusieurs photographies d’un même mouvement pour le décomposer sert d'abord à des fins scientifiques. C'est ce que l'on appelle la "chronophotographie". Cette technique et l’invention des premiers appareils de prise de vues apparaissent à la fin des années 1870. Le scientifique qui invente la chronophotographie se nomme Edward Muybridge. Il dispose des appareils photographiques sur une piste et décompose le mouvement du cheval. Ces scientifiques voulaient en particulier saisir le moment où les 4 pattes du cheval sont soulevées du sol. cheval2 Étienne-Jules Marey regroupe en un seul appareil les différents appareils de Muybridge. C'est l'invention de la première caméra : le fusil photographique (1882). 800px_Fusil_de_Marey_p1040353 Une plaque photographique, ronde, capture 12 images successives. En 1889, Étienne-Jules Marey abandonne la plaque de verre pour le film celluloïd. L'un des premiers studios de cinéma est alors un laboratoire de prise de vues scientifiques appelé la "station physiologique" dans laquelle Marey fait ses expériences. Le film perforé, passant devant un objectif et s'impressionnant 24 fois par seconde, tel que le mettront au point Edison aux USA et les frère Lumière en France marquera la naissance du cinéma tel que nous le connaissons. Le cinéma est donc une illusion d'optique : l'écart entre deux images produisant un mouvement. Présentation de deux courts métrages utilisant essentiellement des photographies. 2. Courts métrages. La Jetée de Chris Marker (France, 1963) Paul Ravel n'a pas sommeil de Samuel Hercule (France, 2007) Ces deux films se basent sur l'opposition entre l'immobilité de la photographie et le mouvement produit par le cinéma. La Jetée Le héros est à la recherche d'une image énigmatique de son enfance : un visage de femme et un homme qui tombe. Toutes les photographies qui composent le film sont déjà comme des souvenirs. Une série de fondus enchaînés (effet produit lorsque des images se succèdent en se fondant l'une dans l'autre) sur la femme endormie laisse place à quelques mètres de pellicule. Ce sont les seules images animées du film qui montrent la femme ouvrir les yeux. Le mouvement est presque imperceptible. A la fin, la course de l'homme sur la jetée rappelle les chronophotographies de Marey sur les mouvements de course et de marche. La Jetée a influencé plusieurs films de science-fiction : Terminator, Matrix. L’armée des 12 singes de Terry Gilliam (1996) est un remake du film de Chris Marker. jet_e Paul Ravel n'a pas sommeil Le réalisateur s'inspire de La Jetée de Chris Marker. Il en reproduit le clignement d'yeux. Au cours d'une scène, il voit apparaître dans sa chambre son professeur d'allemand qui fait semblant de tourner la manivelle d'un projecteur de cinéma. Ce mouvement fait s'accélérer les images dont le mouvement devient plus fluide. Le cinéaste met en perspective le fait de multiplier les prises de vues photographiques pour créer le mouvement. pr1 pr2
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19 octobre 2008

Cours du 13 octobre 2008

Godard et La Nouvelle vague godard_jeanluc Qu’est-ce que la Nouvelle vague ? La Nouvelle vague est un mouvement cinématographique apparu dans la seconde moitié des années 50. Les cinéastes de la nouvelle vague sont au départ des critiques écrivant dans la revue Les Cahiers du cinéma. A cette époque, le cinéma français est constitué de réalisateurs ayant commencé bien avant la guerre. C’est un système très rigide qui ne reflète pas du tout son époque : les films sont tournés en studios, les dialogues sont écrits par des scénaristes très littéraires mais qui ne retranscrivent pas le langage de leur époque. Ces cinéastes désormais un peu oubliés ont pour nom Gilles Grangier, Claude Autant-Lara, Jean Delannoy. Leurs acteurs de prédilection sont Jean Gabin et Michelle Morgan. Dans le cinéma de l’époque, on doit effectuer de longues années en tant qu’assistant pour devenir un jour metteur en scène. Dans Les Cahiers du cinéma, les jeunes critiques, et en particuliers François Truffaut qui réalisera Les 400 coups, attaquent très durement les cinéastes français. Ils appellent avec ironie le style vieillot de ces cinéastes la « qualité française ». Ils préfèrent des cinéastes américains comme Alfred Hitchcock, John Ford, Howard Hawks ou allemands comme Fritz Lang. Les cinéastes les plus célèbres de la nouvelle vague sont : François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, Jacques Rivette, Éric Rohmer et Alain Resnais. A l’exception de Truffaut qui est mort en 1984, ces cinéastes sont encore vivants et continuent de faire des films. A bout de souffle (1960) photo_A_bout_de_souffle_1959_1 Lorsqu’il réalise son premier film, Jean-Luc Godard, fait l’inverse du style lourd et théâtral du cinéma français de son époque. * Un tournage en extérieur et décors naturels et surtout dans les rues de Paris. * Des comédiens peu connus (Jean-Paul Belmondo) * Des dialogues parfois improvisés ou écrits dans le style parlé de son époque. Godard s’inspire du cinéma américain, En particuliers les films noirs de série B comme ceux de Samuel Fuller. Samuel Fuller apparaît d’ailleurs au début de Pierrot le Fou. (Extrait de The Naked Kiss - 1964 - de Samuel Fuller) Il apprécie chez ces cinéastes la rapidité de l’action. Au début d’A bout de souffle, en 15mn, le héros vole une voiture, tue un policier, arrive à Paris, vole de l’argent à une amie et rencontre une autre fille, Patricia, sur les Champs-Élysées. C’est un cinéma de l’énergie et de la vitesse. C’est également un cinéma provocateur puisqu’il brise les règles classiques : Le personnage parle directement au spectateur. Le montage ne reproduit pas la fluidité d’un mouvement. Au contraire, Godard coupe à l’intérieur même des plans ce qui ne l’intéresse pas. Ce type de montage est appelé « Jump Cut ». Cet effet de montage produit des « sautes » (jump) dans le mouvement. Godard va appliquer le même type de montage au son. Une femme est une femme (1961) unefemme03 Début de Une femme est une femme qui est le premier film en couleurs de Godard. Le personnage D’Anna Karina marche dans les rues de paris, entre dans un bistrot, va voir son mari dans une librairie. On entend des bribes de chansons (une chanson d’Aznavour) dans la rue et dans un café, une musique symphonique retentit parfois, le son de la rue disparaît et réapparaît. Comme pour le montage de l’image, il ne retient que les sons qui l’intéressent. Si ce traitement du son est inhabituel au cinéma, il retranscrit de façon assez réaliste les sensations que l’on peut avoir dans une ville où on entend de la musique qui vient d’un café, d’une voiture que l’on croise. Il retranscrit également les moments où on ne fait plus attention aux bruits de la ville… C’est également l’énergie qui intéresse Godard dans le traitement des couleurs. Ce sont des couleurs très vives : du rouge, du bleu ; couleurs primaires que l’on retrouve par exemple dans les vêtements des personnages. Il se sert des couleurs comme un peintre. Godard sera le premier cinéaste à filmer plein écran des tableaux et des bandes dessinées. En ce sens, il est proche du Pop Art et d’Andy Warhol. Dans le cabaret, les plans d’Anna Karina éclairée par les projecteurs en violet monochrome ressemblent aux sérigraphies de Marylin Monroe et Audrey Hepburn par le peintre américain Andy Warhol. Ce sont tous ces éléments qui font de Godard un des inventeurs de la modernité cinématographique. Il a libéré le cinéma de ses contraintes. De nos jours, un cinéaste comme Quentin Tarantino s’est beaucoup inspiré de Godard pour son emploi de la musique et des couleurs.. l3ypvxbs
19 octobre 2008

cours du 29 septembre 2008

Deux courts métrages ont servi à étudier le hors champ Point de fuite (2007) de Nicolas Lasnibat Plot Point (20007) de Nicolas Provost Point de fuite montre un personnage tentant de fuir une dictature imaginaire. pointdefuite Le hors-champ permet de rendre crédible le climat totalitaire alors qu’il s’agit d’un film à petit budget. On ne voit pas les voitures de police mais on voit la lumières des gyrophares, et on entend les sirènes de police. Le personnage est entouré par les ombres dans son appartement, ce qui crée une sensation oppressante. Plot Point a été tourné à Time Square à New York. Le sentiment d'angoisse est aussi créé par le hors-champ. L498xH281_jpg_Plot_Point_82f9d Une menace semble peser sur les passants dont le regard est chargé d’inquiétude. Le personnage "principal" est un agent de sécurité qui a l'air d'observer la foule. La forte présence des policiers évoque également l'idée d'un complot ou d'une menace. Le réalisateur inverse un moment les mouvements d'une femme pour signifier que son film est aussi une manipulation. C'est un documentaire sur l'angoisse de l'Amérique après le 11 septembre. Il s’agit de ce qu’on appelle un film expérimental. Ces deux films peuvent être mis en relation avec La Mort aux trousses pour étudier les différences de mise en scène. Dans La Mort aux trousses, au contraire de Point de fuite, l'angoisse ne naît pas des ombres mais d'une image très claire et lumineuse. Le montage de Plot Point est constitué d'un grand nombre de plans très courts et de gros plans de visages. L’image est très peuplée. Dans la mort aux trousses Hitchcock filme un personnage dans le désert, en longs plans larges.
28 septembre 2008

Cours de cinéma n°2. 22 septembre 2008

Sujets étudiés 1. Elephant de Gus Van Sant. 2. Le hors-champ I. Elephant Titre original : Elephant Réalisation : Gus Van Sant Production : Jay Hernandez, Diane Keaton, J.T. LeRoy, Bill Robinson, Dany Wolf Distribution : HBO Films Photographie : Harris Savides Format : Couleur - 1,37:1 Genre : Drame Durée : 81 minutes Dates de sortie : 22 octobre 2003 (France) ; 24 octobre 2003 (USA) Distribution : John Robinson : John McFarland Alex Frost : Alex Eric Deulen : Eric Elias McConnell : Elias Jordan Taylor, Carrie Finklea, Nicole George... Liens internet Fiche imdb http://www.imdb.com/title/tt0363589/ Fiche Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Elephant_(Gus_Van_Sant) Site pédagogique http://www.ac-nancy-metz.fr/cinemav/elephant/ Bande annonce du film Synopsis Les dernières heures d'un lycée américain avant une fusillade. John est arrivé en retard à cause de son père. Elias prend des photos dans le parc et les développe. Nathan termine un entraînement sportif et rejoint sa copine... Michelle va travailler à la bibliothèque... Eric et Alex, deux autres lycéens, pénètrent en treillis et armés dans le lycée et abattent plusieurs de leurs camarades. 1. Le réalisateur. Gus Van Sant est un réalisateur américain dont le thème de prédilection est la jeunesse et les marginaux. Au début de sa carrière, il tourne des films indépendants : Drugstore Cowboy (1989) avec Matt Dillon et My Own Private Idaho (1991) avec Keanu Reeves. En 1997, il révèle Matt Damon et Ben Afleck en tournant leur scénario Will Hunting. Le film raconte la relation entre un jeune mathématicien surdoué et son professeur. Il dirige ensuite Sean Connery dans Finding Forrester (2000), sur un sujet proche de Will Hunting. Connery interprète un écrivain (sur le modèle de Salinger, l’auteur de L’Attrape-cœur) poussant un jeune Noir à devenir lui-aussi écrivain. Il tourne en 1998 un remake du film d’Hitchcock Psychose. Les 4 derniers films de Gus Van Sant s’éloignent du cinéma hollywoodien. Gerry (2002) sur l’errance de deux jeunes américains dans le désert. Elephant (2003) sur le massacre de Columbine. Last Days (2005) sur les derniers jours de Kurt Cobain Paranoid Park (2007) sur un jeune skateur commettant un meurtre. Ses films peuvent être rapprochés de ceux du réalisateur-photographe Larry Clark : Kids, Bully, Wassup Rockers... 2. Gus Van Sant ne prétend pas apporter une réponse définitive à l'événement. Il pose des questions. Est-ce la vente libre des armes qui en est la cause ? Les jeux vidéos ? La persécution des deux garçons par leurs camarades ? Est-ce la faute des parents incapables de s'occuper de leurs enfants ? Est-ce la faute à la situation politique américaine et à la guerre en Irak ? Prises individuellement, aucune de ces hypothèses n’est suffisante pour expliquer l'acte d'Eric et Alex. Ce n'est pas parce que l'on joue aux jeux vidéos que l'on devient un meurtrier. La circulation des armes, si elle est un facteur important, n’est pas non plus une réponse suffisante... Seule la somme de ces éléments peut apporter une réponse. C’est aussi ce que veut dire le titre énigmatique du film, tiré d’une légende indienne. Des aveugles touchent un éléphant, y en a un qui touche la queue, l'autre la trompe, l’autre une oreille. Aucun ne remarque qu’il s’agit d’un éléphant. John, l'étudiant blond, doux et gentil, se trouve lui-aussi dans une situation familiale difficile : à cause de son père, alcoolique, il arrive fréquemment en retard et est puni. Les jeunes filles, qu'il s'agisse de Michelle ou des trois filles à la cafétéria, sont mal dans leur peau. Les victimes et les tueurs sont mis sur le même plan. Eric et Alex ne sont pas décrits comme des psychopathes. D’ailleurs, Alex et John ont les mêmes gestes lorsqu’ils sont angoissés : ils mettent leurs mains devant leur visage. 3. Question : qu'est-ce qui différencie Elephant d'un film américain habituel. L'absence de suspense et de surprise : pas de dramatisation, on sait ce qui va se passer. Une mise en scène basée sur la lenteur et de longs plans séquences, alors que les films d’action ont plutôt un montage rapide. L'usage original de la musique (Beethoven) et du son qui mixe des ambiances étranges d’eau et de métro à l’intérieur des couloirs du lycée. On peut rapprocher cet usage de la musique du plan séquence de l'Aurore de Murnau étudié pendant le 1er cours. Chez Murnau, la ville laisse place à la campagne : chez Van Sant les sons réalistes du lycée s’effacent pour laisser place à des sons électroniques ou des bruitages sans rapport avec l’image. Le flou : au fur et à mesure que le film progresse, les arrière-plans deviennent flous. Le spectateur perd ses repères, l’espace devient abstrait. Remarques intéressantes pendant le cours. Rapport avec la tragédie grecque et l'ironie. On sait que la tragédie va arriver mais on ne peut pas l'éviter. Benny : Idée d'un personnage religieux (le Christ ?) qui se sacrifie pour sauver les autres. Gus Van Sant filme la trajectoire d'un personnage qui apparaît, marche, puis meurt. Le trajet de Benny est un peu le résumé de celui de tous les personnages du film. II. Le hors champ. Extraits La Féline (Cat people, 1942) de Jacques Tourneur. Ring de Hideo Nakata (Ringu, 1998) Au cinéma, ce que l'on ne filme pas est aussi important que ce que l'on filme. Le champ (au sens de "champ de vision") est ce qu'il y a dans l'image. Le hors-champ est alors ce qui se trouve à l'extérieur de l'image. Extérieur proche puisque ce sont les bords de l'image (appelé cadre, comme le cadre d’une peinture) qui délimitent la frontière entre champ et hors-champ. Il y a 6 types de hors-champ. 4 sont délimités par les 4 bords de l'image. 1 est situé derrière la caméra. Dans le cas d'une vue subjective – le début d’Halloween, par exemple, le personnage occupe le hors-champ derrière la caméra. 1 autre est situé à l'intérieur de l'image. Si un personnage est dissimulé derrière le décor ou derrière un autre personnage. On dit alors qu'un personnage ou une chose sont hors-champ lorsqu'ils sont dans le même espace que les autres acteurs mais demeurent invisibles. Pourtant, ils peuvent se manifester d'une autre façon, par le son, par exemple, ou la voix. Tout champ, à moins qu’il ne s’agisse de films abstraits, possède son hors-champ. Par exemple, dans le cas d’un plan américain simple de personnage, les pieds de l’acteur sont hors-champ. cours Le hors-champ est beaucoup utilisé dans le cinéma à suspense. La Féline (Cat people, Jacques Tourneur, 1942) Le producteur du film, Val Lewton, dans les années 40, invente un nouveau genre de film d'épouvante. Il ne s'agit plus de montrer des choses impossibles comme dans les premiers films d'épouvante, il s'agit de suggérer. Plutôt que de montrer une femme déguisée en panthère (ce qui peut être plus comique qu’effrayant), il la laisse dans le hors-champ. L'imagination du spectateur fait le reste. La Féline raconte donc l’histoire d’une femme qui croit qu’une malédiction la fait se transformer en panthère. Dans l’extrait elle va attaquer une rivale, collège de son mari. Il s’agit d’une des scènes les plus célèbres de l’histoire du cinéma. Scène de la piscine. L'actrice ne peut pas sortir de l'eau, elle est en maillot de bain. Elle est donc rendu fragile et sans défense. Les ombres sur les murs et le plafond de la piscine donnent au spectateur l'impression de voir l'ombre de la panthère. Les sons résonnent et sont déformés. On croit entendre des feulements de panthère. Le son devient plus fort, on a l’impression que la panthère est toute proche et prête à bondir. Mais lorsque la lumière se rallume, Irena apparaît, l'air tout à fait normal. Ce serait donc la panique de la nageuse qui aurait été transmise au spectateur. Pourtant la nageuse retrouve son peignoir lacéré, comme par des griffes de félin. Le spectateur reste donc dans l'ambigüité. Y avait-il vraiment une panthère dans la piscine ? Irena est-elle un être fantastique ou une psychopathe qui se prend pour une panthère ? Ring (Ringu, Hideo Nakata, 1998) bande annonce du film Deux filles passent la soirée ensemble. Elles parlent d'une malédiction liée à une cassette vidéo. Si on la regarde, le téléphone sonne pour nous annoncer que l'on mourra une semaine plus tard. Une des deux filles avoue qu’elle a vu la cassette. L'intérêt de la scène réside dans sa façon de faire monter l’angoisse sans jamais rien montrer. Le dialogue entre les deux filles fait monter la peur. Lorsque la victime se retrouve seule, elle sent une présence dans l'appartement. La télévision s'allume de façon surnaturelle. Lorsqu’elle est attaquée par le fantôme, un flash fait passer l’image au négatif. Pendant toute la durée de la scène, le fantôme est resté invisible pour le spectateur. Dans La Féline et Ring, la peur nait donc de l’intrusion dans un espace familier d’une créature que l’on ne peut pas voir. Le réalisateur donne autant d’importance à ce qui n’est pas filmé qu’à ce qui est visible.
20 septembre 2008

Cours de cinéma n°1. 15 septembre 2009

Sujets étudiés pendant le cours : le plan et le plan séquence I. Qu'est-ce qu'un plan ? Définition : "Un fragment de pellicule enregistré entre la marche et l'arrêt de l'appareil de prise de vues." Vincent Pinel, Vocabulaire technique du cinéma. Les premiers films de l'histoire du cinéma étaient tournés en un seul plan, comme L'Arrivée d'un train en gare de la Ciotat (1895) qui dure 50s. Le tournage a donc duré également 50 s. La caméra est fixe et filme l'arrivée d'un train et les voyageurs qui en montent et qui en descendent. Le point de vue de la caméra est alors celui d'un homme qui se tiendrait debout du le quai. Au fil du temps, le langage du cinéma devient plus sophistiqué. Différentes échelles de plans apparaissent pour décrire des paysages, des actions ou transmettre des émotions. Les deux principaux inventeurs du langage cinématographique sont aux États-Unis David Wark Griffith (1875-1948) et, en Russie, Sergei Eisenstein (1898-1948). Anecdote sur l'utilisation du gros plan par Griffith. Griffith observait dans la rue une chanteuse. Il s'est aperçu que l'émotion était plus forte lorsqu'il regardait le visage de la chanteuse, isolé du décor, se reflétant dans une flaque d'eau. Les deux orphelines (DW Griffith, 1921) Eisenstein quant à lui s'intéresse au dynamisme des plans. Dans Le Cuirassé Potemkine (1925) certains plans ne durent que quelques secondes. Les échelles de plans. 1. Le décor Plan général : vaste ensemble naturel. Plan d'ensemble : le décor. Plan demi-ensemble : une partie du décor. 2. Le personnage Plan moyen : personnage en pied (debout, des pieds jusqu'à la tête). Plan américain : personnage à mi-cuisse. Plan rapproché taille : personnage à hauteur de la ceinture. Plan rapproché poitrine : personnage à hauteur de la poitrine. Gros plan : tête du personnage à hauteur du cou. Très gros plan : une partie du corps ou du visage. plan II. Le plan séquence. La séquence est une suite de scène constituant une action dramatique. Exemple : un personnage se lève le matin, pend une douche, s'habille prend son petit déjeuner, sort de chez lui. Ceci constitue une séquence. Cette séquence peut être découpée en un certain nombre de plans. Dans le cas du plan séquence, la séquence est filmée en seul plan, sans coupe (sans changement de plan). Le plan-séquence est l'un des effets les plus virtuoses du cinéma. Extraits étudiés: Elephant (Gus Van Sant, 2003) Donnie Darko (Richard Kelly, 2001) Halloween (John Carpenter, 1978) La Môme (Olivier Dahan, 2007) L'Aurore (Sunrise, FW Murnau, 1926) Contact (Robert Zemeckis, 1997) La Soif du mal (A Touch of Evil, Orson Welles, 1958) Elephant (Gus Van Sant, 2003) Le film prend comme sujet un groupe d'adolescents, quelques heures avant un massacre dans leur lycée. Le film est inspiré d'un fait réel, le massacre de Columbine en 1999. Gus Van Sant utilise de longs plans séquences. ici on suit, de dos, un garçon qui traverse le lycée. Il s'agit : 1. de faire ressentir le temps qui reste à vivre aux personnages; 2. d'explorer le décor en même temps que le personnage. 3. de montrer les relations entre les personnages : la caméra quitte le garçon pour adopter le point de vue des jeunes filles qu'il croise. Donnie Darko (Richard Kelly, 2001) Le plan-séquence est proche de celui de Elephant (traversée d'un lycée), à la différence que la caméra adopte le point de vue de tous les personnages principaux. Halloween (John Carpenter, 1978) Le plan séquence est ici un plan subjectif appelé aussi vue subjective. C'est-à-dire que la caméra devient le regard d'un personnage. Dans Halloween, ce regard est celui d'un meurtrier qui tourne autour d'une maison, s'introduit dans celle-ci, monte des escaliers, met un masque et tue une jeune fille. A la fin, on ôte le masque du meurtrier et on s'aperçoit qu'il s'agit d'un enfant. Le plan séquence a ainsi permis de dissimuler l'identité de l'assassin. La vue subjective est une technique courante pour créer une scène d'angoisse. La Môme (Olivier Dahan, 2007) Scène de l'annonce à Édith Piaf de la mort de Marcel Cerdan. Édith est réveillée dans sa chambre par Marcel. Elle se lève pour lui préparer un café, revient dans la chambre, puis cherche le cadeau qu'elle lui a acheté. Pendant qu'elle traverse son appartement, elle croise ses amis, tristes et immobiles. Elle leur demande ce qui se passe, ils lui disent que Marcel est mort dans un accident d'avion. Elle revient dans la chambre : Marcel a disparu. Elle s'effondre en larme, se relève et marche dans un long couloir. Le couloir mène jusqu’à une scène de spectacle. Qu'est-ce qui rend ce plan-séquence très intéressant ? 1. En un seul mouvement de caméra, il mêle le réel et l'image mentale (image de rêve ou d'hallucination), le présent (l'annonce de la mort de Marcel) et le futur (l'entrée d'Édith en scène). 2. L'actrice, en un plan unique, passe de la joie de retrouver Marcel à la douleur de le savoir mort. L'actrice peut ainsi travailler sans rupture l'émotion de son personnage. 3. Il montre comment les chansons d'Édith Piaf sont construites avec sa vie et ses drames. Les gestes d'Édith lorsqu'elle hurle de douleur construisent son jeu de scène. Il n'y a pas de différence entre sa vie et ses chansons, de la même façon que le plan séquence invente un espace unique entre son appartement et la scène. L'Aurore (FW Murnau, 1926) Les personnages sortent d'une église et traversent une rue sans se préoccuper des voitures, la rue se transforme en paysage de forêt. Les personnages s'embrassent et reviennent à la réalité au milieu de la rue. Sans s'en rendre compte, ils ont provoqué un embouteillage. A l'intérieur du plan séquence, on passe d'une image réelle (la rue) à une image mentale (la forêt). Contact (Robert Zemeckis, 1997) Le plan séquence traverse ici une galaxie pour s'achever à l'intérieur de l'œil d'une petite fille. Le plan séquence met en relation l'infiniment grand et l'infiniment petit. La Soif du mal (Orson Welles, 1958) Il s'agit d'un des plus célèbres plans séquences de l'histoire du cinéma. Le plan séquence commence par le gros plan d'une bombe à retardement qu'un personnage cache dans le coffre d'une voiture. La caméra s'élève au dessus des toits et suit la voiture. La caméra redescend ensuite au niveau de la rue et filme la voiture qui croise un couple (les héros du film). La voiture traverse la frontière mexicaine et explose lorsque le couple de héros s'embrasse. C'est une scène de suspense puisque le spectateur sait qu'une bombe est prête à exploser. L'angoisse naît lorsque la voiture est retardée aux passages cloutés, lorsqu'elle se rapproche du couple de héros, lorsqu'elle est arrêtée à la frontière. Lorsque la femme dans la voiture dit : "j'ai l'impression d'entendre une horloge dans ma tête", elle est comme le spectateur angoissé par la présence de la bombe.
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